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L 'ETAT DE NOTRE URGENCE

ARTS PLASTIQUES DEBOUT !

Lettre ouverte destinée plus particulièrement aux professeurs/intervenants dans les Ecoles d’ Art Plastique

 

Le souvenir le plus précis de ma scolarité  est celui de l’ennui.

Pas un ennui passager, de circonstance, mais bien un ennui profond.

Un ennui profond qui devait préfigurer l’apprentissage de la vie en entreprise, avec son sa hiérarchie incompétente fondée sur sa batterie de certitudes.

Heureusement et en ce qui me concerne, cet ennui fut annihilé par les AG, les blocages, les manifestations, et l’organisation de contre-courts fondés sur l’entraide et non sur le mérite et sa note.

Ce souvenir d’ennui à visée pédagogique se trouva par la suite confirmé par mon cheminement d’artktiviste. 

Les professeurs, intervenants que je rencontre sont en effet unanimes : les élèves, leurs élèves sont infantilisés par les jeux vidéos et sont de ce fait sous politisés, et incapables d’initiative personnelle.

C’est ainsi qu’un ex producteur cinéaste d’Arte affirma depuis la table ronde que nous partagions, que je développais des concepts beaucoup trop compliqués pour les lycéens présents, qu’un professeur de DEA me présenta à ses élèves comme un cinéaste  important empêchant ainsi tout échange  égalitaire avec ses élèves, qu’un espèce de sous agrégé m’affirma lors d’une occupation de la fac Tolbiac que les étudiants grévistes étaient des vaux incapables de s’abstraire des démagogues, qu’un directeur d’une école de cinéma dégota un billet AR avion de 800 euros pour me permettre d’intervenir dans une classe de cinéma et  qu’un quarteron de profs /intervenants en art plastique membres d’un collectif  expérimental affirmèrent que les vidéos de leurs élèves ne dépassaient jamais  une durée de trois minutes puisque leurs têtes vides étaient formatées par les animateurs de la télévision.

 

Aussi je tiens à souligner que mon témoignage s’inscrit en faux contre  cette vision consensuelle de notre  Jeunesse Française.

 

Des étudiants venus de plusieurs Ecoles d’Art  ont participé à l’occupation de l’Ecole d’Art d’Avignon.

Ils ont produit durant cette occupation en liaison avec des NuitsDeboutistes des performances dans une manifestation unitaire contre la loi Travaille 49-3

Un film (d’une durée supérieure à trois minutes) a été réalisé.

A la suite de cette expérience hors cursus universitaire, ces mêmes étudiants ont organisé une série de workshop à Paris.

Ils ont pris contact avec les responsables de l’ancien hôpital Baudelocque promis à une revente à la coupe et de ce fait provisoirement confiée à des artistes en résidence.

Ils se sont logés dans des tentes, se sont fait à manger, ont organisé une série d’ateliers, et ont élaboré collectivement dans leurs AG quotidienne les  gestes de leur workshop.

A cet effet, ils ont mis en place des actes  désintéressés dans leur zone d’intervention temporaire ainsi constituée. (Intervention musicale dans le métro, écriture de compte rendu mêlant la fiction à la réalité, conférences, compositions collectives). Ils ont également évoqué une suite de leur workshop autour de la question de l’utilisation d’une cagnotte (les frais ayant été moins importants que prévus), et  d’une nécessaire rotation des «responsabilités » qui ne devaient pas rester concentrée dans les mêmes mains. 

J’ajoute qu’à la suite de la projection de film Moi autobiographie 16 eme version diffusé en plein air, sur un drap, j’ai tenu à souligner qu'un mouvement comme un film devait s’attacher à une trajectoire, et non à un but. La visibilité, l’efficacité, prônée par le seul souci de la communication  étant à mes yeux les pères spirituels des bombes humaines et de leurs commanditaires.

Cette conversation  a débouché sur une interrogation générale concernant les rapports de ce workshop et de l’institution, rappelant ainsi que la projection d’un film et que la présence d’un « artiste » étaient le matériau d’une réflexion collective qui excluait  de placer l’artiste sur un piédestal de circonstance.

 

La conclusion s’impose.

 

Cette nouvelle zones d’intervention temporaire et itinérante fondée par un collectif d’ étudiants d’Ecole d’Art n’a aucun point en commun avec la délivrance du diplôme de l’Ecole d’Art qui permet  à l’intervenant prof d’art de justifier sa fonction puisque selon sa grille de lecture les jeunes étant apathiques, sous politisés et individualistes, il est donc nécessaire de leur donner un cadre fondé  sur la liberté, la réflexion, la confrontation qui dépend bien entendu du seul règlement intérieur de l’école d’art initié par le règlement  général de co propriété ayant pour intitulé les termes de «  liberté égalité fraternité ».

J'ajoute enfin que cette zone d’intervention temporaire est la preuve des mensonges de nos élites qui, en se complaisant dans la certitude que leurs morts rendront à jamais invisible leurs pensées, préfèrent se convaincre que la jeunesse actuelle sera incapable de poursuivre les actes contestataires de leur jeunesse passée.

 

Référence  

Pourquoi voulez vous manger? film de merejkowsy réalisé dans un atelier d'art plastique dans un lycée du du Val d'Oise, proposé par l'association il faut le faire.

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